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elle l’avait revue une fois encore dans une grande salle où des lits blancs s’alignaient sans fin, sans fin. Dans un de ces lits, sa mère était couchée ; ses yeux brillaient comme du feu ; sa figure était toute blanche avec deux taches de sang sur les joues et le front de l’enfant sentit la brûlure d’une main. décharnée qui lui faisait une caresse suprême. Puis la mère se mit à pleurer et l’infirmière emmena Geneviève…

Et ç’avait été ensuite un long voyage en chemin de fer, l’arrivée à la campagne dans la maison ensoleillée, où elle avait mené une existence monotone entre l’école, les travaux de couture et les travaux des champs.

Un jour, (elle ne l’oublierait jamais ce jour-là !), madame la Directrice l’avait fait appeler dans le bureau où les orphelines ne pénétraient guère que pour être morigénées. Elle n’avait point l’air fâché, un peu ému plutôt. D’une voix douce elle dit à Geneviève effarée :

— Vous avez quinze ans aujourd’hui, mon enfant. C’est le jour où je dois, selon la volonté qu’exprima votre mère mourante, vous remettre un souvenir qui lui était cher. Le voici ; et