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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/9

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Demain elle serait libre ; elle gagnerait de l’argent ; elle serait une personne !

Ainsi elle songeait, à demi agenouillée devant l’autel, les yeux brillants, les doigts perdus dans les fleurs… Demain, elle s’en irait seule avec son petit trousseau composé d’un peu de linge, de trois robes, d’un manteau et d’une boîte dont elle portait la clef sur elle et qui renfermait ses trésors : quelques lettres, la photographie d’une amie partie l’an dernier, une autre de madame la Directrice, des cartes postales illustrées, puis, soigneusement enveloppé d’un papier de soie, un portrait de sa mère, et dans un minuscule carton blanc, une petite bague de turquoises !

Sa mère ! Elle se la rappelait mal. Elle revoyait des cheveux blonds plus dorés que les siens, des yeux noirs qui parfois devenaient durs et brillants. Elle n’avait guère de souvenirs précis ; elle se rappelait des baisers et des coups ; elle gardait une impression lointaine de froid ; elle entendait une toux saccadée. Puis un jour elle s’était trouvée mêlée à une bande d’enfants et séparée de sa mère. Cependant