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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/100

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

tesse de manières, une grâce de sentiments qui doivent lui venir d’ailleurs. Ah ! je sais bien qu’elle a mal fait en se sauvant, en partant avec un… garçon ! Seulement, rien ne m’ôtera de l’idée qu’elle a agi poussée par un grand désespoir !

— Ma chérie, tu te montes l’imagination, et je n’aime pas à te voir penser ainsi à une fille qui a mal tourné en somme, et à qui tu as commis la faute de t’attacher trop profondément. Mais n’est-ce pas cet attachement lui-même qui est étrange et mystérieux, père ? N’est-ce pas étrange que moi, qui blâme sa conduite, je n’aie pu détacher d’elle ni ma pensée, ni mon affection ?

— Tu es romanesque, ma petite, et l’acuité de ta sensibilité ne m’inquiète pas pour la première fois.

— Ah, père !

Ces mots furent dits avec une telle intonation de reproche et de douleur que Varenne, oubliant sa prudence, se retourna soudain.

Marguerite le regardait et, dans ses yeux bruns, brillait une angoisse.