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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/109

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

de calme enfin, passés au Refuge des femmes enceintes, à la Maternité, au Vésinet, et à l’asile où elle put nourrir son enfant ! Durant cette trêve maternelle, traversée pourtant par les souffrances de l’enfantement, elle cessa d’être pourchassée par l’effroi du lendemain ; des paroles d’encouragement réchauffèrent son cœur ; elle se reprit à sourire au sourire inconscient de son bébé dont elle baisait avec amour les petits pieds potelés, et elle oublia quelquefois sa destinée tragique de fille sans père devenue mère d’une enfant abandonnée. Au moment où son âme fatiguée se détendait dans la douceur de ce repos, elle fut durement rejetée dans la lutte, car l’heure de son départ avait sonné à l’horloge de l’administration. La générosité municipale lui avait accordé quatre mois de répit pour assurer la vie de sa petite fille, et maintenant que celle-ci commençait à tendre vers sa mère ses menottes adorées, le règlement les expulsait, les séparait l’une de l’autre. Comment aurait-elle pu travailler avec un bébé qui réclamait des soins incessants ? Elle fit comme les autres : elle confia sa fille à