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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/110

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE


105 une étrangère et s’en alla elle-même parmi des étrangers. Le hasard permit qu’elle y fût bien traitée et bien payée ; mais elle pleura souvent après avoir donné son lait à l’enfant qui l’achetait. Ce fut seulement lorsqu’il fut sevré qu’elle put courir embrasser sa fille. Elle revint plus triste de ce voyage. Nénette ne profitait pas. La nourrice cependant envoyait régulièrement des nouvelles et comptait à la mère des morceaux de savon à faire croire que la petite changeait de linge chaque jour. Un matin Geneviève reçut une lettre alarmante d’une voisine et, arrivée à l’improviste, cette fois, trouva Nénette sale, rongée de vermine, fiévreuse et gravement malade d’une entérite. Toute au besoin de sauver sa fille, elle ne la quitta plus ; envoya une dépêche à ses patrons et décida de la garder avec elle à Paris. Elle savait coudre, elle coudrait, elle vivrait de rien s’il le fallait, mais elle gagnerait assez pour donner à Nénette le lait et les œufs qui lui étaient nécessaires ; elles ne seraient plus séparées et, si elles ne pouvaient vivre, elles mourraient ensemble du moins.