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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/112

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE


107 au jour tombant elle finissait d’arrangee sa pauvre chambre, elle se retourna vers sa fille, la serra contre elle, et de la sentir si faible et si chétive, une force lui monta au cœur, capable, lui sembla-t-il, de les maintenir, toutes les deux, à la surface de la terre, au- dessus de l’abîme de misère où s’engloutissent les énergies et les fiertés. Ses yeux se portèrent vers une petite étagère en bois blanc où, parmi quelques livres, souriaient deux images de femme ; l’une toute fanée par la poussière des années, l’autre fraîche encore : sa mère et Marguerite. Son regard se voila qu’était devenue la petite maîtresse aimée, celle qui rendait la vie douce et facile, et la servitude même agréable ? Depuis son malheur, jamais Geneviève n’avait osé lui envoyer un souvenir. Elle avait senti peser sur elle l’opprobre d’être une mère illégitime ; elle avait reculé devant l’aveu, et les mois qui s’écoulaient le rendaient plus difficile chaque jour. Mais une nostalgie de l’affection mystérieuse la hantait et, parfois, en s’endormant,. elle pleurait au souvenir de celle qui lui avait été bonne et qui lui avait