108. révélé le jardin défendu où fleurissent les choses qui font la vie belle et heureuse. Elle soupira si Marguerite les voyait ainsi toutes les deux, que dirait-elle ? Elle pensa qu’un jour, elle aimerait à lui montrer Nénette, Nénette jolie et bien élevée. Marguerite l’embras- serait ; elle embrasserait aussi Geneviève et tout serait oublié. Qui sait ? peut-être Margue- rite serait-elle heureuse de les revoir. Oui, Geneviève écrirait ; mais plus tard, quand tout irait bien, quand son souvenir serait une mar- que d’amour, et ne pourrait plus être soupçonné d’être vilement intéressé. Peut-être ce plus tard était-il proche ! Allons, chérie, viens, nous allons descen- dre acheter notre lolo ! Et, vaillante, prenant sa fille dans ses bras, elle s’en fut dans l’escalier sordide où la nuite était venue. Sous la lumière du gaz, il appa- raissait d’une indéfinissable couleur, faite de toute la poussière, de toute la boue que des souliers mauvais y avaient apportée depuis deux cents ans et plus ; l’usure des marches le rendait peu sûr et le long des murs, jamais
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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE