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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/12

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à la mystérieuse personne de ce père inconnu : qui était-il ? où vivait-il ? pourquoi l’avait-il lâchement abandonnée ? Il était riche sans doute, car la bague, cadeau d’un étudiant un peu gêné, semblait un bijou précieux à l’orpheline ; riche et beau puisque sa mère l’avait aimé ! Mais il était méchant aussi puisqu’il avait laissé mourir de privations la mère de son enfant, et si elle-même était restée chétive si longtemps, n’était-ce pas pour avoir manqué de bonne nourriture quand elle était petite ! Mais qui sait ? peut-être n’avait-il pas su leur détresse ? Peut-être recherchait-il sa fille, peut-être se retrouveraient-ils un jour ? Elle l’attendit, en brodant avec soin du linge fin pour les dames de la ville. Ah ! que d’heures elle avait passées où les rêveries s’enroulaient en arabesques légères dans son cerveau d’ignorante, tandis que l’aiguille agile courait dans le linon, ou, tandis qu’aux champs, elle demeurait assise auprès des vaches qui paissent lentement !

Combien de fois avait-elle imaginé la figure de ce père enfin retrouvé ! combien de moments