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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/13

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où elle avait frissonné d’une attente anxieuse, où elle avait espéré, toujours en vain, la venue miraculeuse de celui qui l’avait oubliée, qui peut-être ignorait qu’elle fût…

Et aujourd’hui qu’elle n’espérait plus que pour se tromper elle-même, pour se conter une belle histoire de fées, elle savait que son bien de plus cher c’était la petite bague couleur du ciel, dont elle ornait son doigt en cachette, le soir, avant de s’endormir d’un bon sommeil où ses rêves ne la suivaient pas.

Soudain la cloche du diner appela les orphelines et, pour la dernière fois, Geneviève s’en alla vers le réfectoire par les grands couloirs dallés, inondés de lumière rose.

Moins d’une heure après, c’était dans la chapelle improvisée une irruption de petites filles en tabliers bleus qui, après quelques bousculades, s’alignèrent sagement contre les murs, tandis que les grandes allumaient parmi les aubépines, les cierges minces qui mêlèrent leur lueur falote à la clarté du jour finissant. Puis, à un signal, cinquante voix très fraîches entonnèrent les cantiques du mois de Marie.