Aller au contenu

Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
115
LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

J

115 n’a prévu ni un timbre, ni un journal, ni une fleur ; rien de ce qui fait la vie désirable et heu- reuse rien de ce qu’elle aime ! Mais n’aime- t-elle pas Nénette plus que tout et, pour voir les couleurs fleurir sur les petites joues pâles, ne donnerait-elle pas le sang de ses veines ? Ainsi donc c’est plus de trois francs cinquante par jour qu’il lui faudra gagner pour vivre stric- tement ; pour se permettre un tout petit plaisir, prendre le tramway jusqu’au bois de Vincennes une fois par mois, ou pour acheter une boîte de médicaments, il faudrait bien quatre francs. Ah ! oui, quatre francs seraient nécessaires ! Les gagnera-t-elle ? Elle a entendu dire que la lin- gerie est souvent mal payée. Alors elle regarde le cache-corset qu’elle a terminé et auquel elle vient de passer un ruban bleu pâle qui l’enjo- live encore. Elle en avait copié cinq semblables dans sa dernière place, sur un modèle qui sor- tait d’une grande maison de blanc et qui coûtait dix-huit francs. Il est orné sur le devant d’une barrette empire, formée de quatre-vingt-seize petits plis de deux centimètres de long, qu’en- cadrent des entre-deux de dentelle. C’est un