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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/123

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

118 où les rubans bleus, mauves et roses, amon- celés en d’innombrables cartons, montent au faîte des maisons ; où les passementeries d’or et d’argent, de perles, de jais brillant, de jais mat, emplissent des mètres cubes de tiroirs. Mais lorsqu’elle quitta les rues où se pressent ces réceptacles immenses des tissus nécessaires qui vêtiront les besogneux, et des étoffes exquises, inventées pour plaire au désir et passa de l’autre côté de la grande artère qui, comme un large fleuve, sépare le magasin de l’usine, son cœur tressaillit d’espérance et d’angoisse ! Ces lieux lui seraient-ils favo- rables ? Y trouverait-elle sa subsistance puis- que la cité populeuse ne laissait pas tomber dans sa main maternelle les miettes oubliées qui nourrissent les petits des oiseaux ? Elle cherchait, aux façades des maisons où s’alignaient à chaque pas des pancartes. salies par le temps, les adresses qu’on lui avait indiquées. A côté de noms français elle en déchiffra avec peine d’autres aux conso- nances étrangères : Buchmann, cravates en gros ; Grümbach, robes et jupons ; Strohl,