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brusque elle saisit le corsage, l’examina, tira
sur les coutures et, finalement, dit :
-
Combien ?
Madame, j’ai passé huit heures à le faire.
Il me semble que cinquante sous…
-
Cinquante sous ! cinquante sous pour huit
heures de travail, faut pas vous moucher du
pied, ma fille ! Mais on ne passe pas huit heures
sur un corsage. Vous n’avez pas l’habitude de
la maison. Si vous voulez me répéter celui-ci à
vingt sous, je ne dis pas non ; mais c’est tout ce
que je puis vous offrir. Vous refusez ? alors
remballez.
Une désolation terrible parut sur le visage
de Geneviève. Mademoiselle Marthe, qui s’y
connaissait en désespoirs fut-elle touchée, ou
bien ne voulut-elle pas décourager complète-
ment une ouvrière habile ? Elle bougonna :
« Il n’est pas avantageux votre corsage. C’est
pas du travail de confection. Vous n’y êtes pas.
Enfin, comme nous avons besoin de monde en
ce moment, je veux bien vous confier un
modèle de la maison a exécuter. Même je vais
vous gâter pour votre étrenne. >>
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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE