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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/134

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

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129 six corsages par jour ; remerciez mademoiselle Marthe, elle vous gâte. La « gâtée » sortit le cœur troublé. Elle n’avait pas osé refuser. Peut-être ces travaux vulgaires lui rapporteraient-ils davantage que la jolie lingerie qu’elle aimait. Elle essaierait. Mais avec quarante-huit sous par jour, comment bouclerait-elle son pauvre budget ? Enfin, j’aurai plus de chance une autre fois, se dit-elle pour se donner du cœur. Et d’un pas alourdi par les déceptions de cette matinée elle sortit de la maison.

Le quartier grouillait des femmes chargées de paquets s’entre-croisaient à la sortie des magasins. Il y en avait de bien mises qui emportaient des provisions de travail pour d’autres dont le gain serait diminué de leurs bénéfices ; il y en avait de misérables, en che- veux, vêtues de jupes noires étriquées et de corsages minces, un fichu jeté sur leurs épaules amaigries et courbées par l’abus de la machine à coudre. Toutes se hâtaient, car leurs ins- tants représentaient, non pas des dollars, mais des centimes ou des parcelles de centimes qui