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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

130 additionnés devaient leur permettre d’attein- dre un lendemain aussi précaire que le jour écoulé. A cette heure de midi, les ouvrières qui sortent des ateliers se rencontrent avec les ouvrières qui viennent de livrer leur ouvrage, et c’était dans la rue un pullulement de travail- leuses. Elles étaient là, celles qui font le linge ouvragé de dentelles et de jours dont la perfec- tion étonne l’Étranger ; celles qui, de morceaux de satin et de gaze, composent des fleurs sem- blables aux fleurs du printemps ; celles qui assemblent les plumes des oiseaux en des fantaisies éblouissantes, émerveillement des coquettes ; celles qui font les grands chapeaux et les petits béguins dont les deux mondes copient la grâce. Ouvrières aux doigts de fée dont le goût porte si haut et si loin le renom de Paris, elles passaient, souriantes ou sou- cieuses, avec des teints trop blancs ou rougis d’une tache suspecte, avec des yeux où bril- laient non seulement le désir de plaire, mais la fatigue des longues heures de travail sous la lumière cuisante ; les unes rentraient chez elles, les autres se dirigeaient vers le restau- 1