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rant à bon marché où le plat garni à soixante
centimes leur rendrait à peine la force suffi-
sante aux longues heures de travail qui leur
restaient à fournir.
Au milieu de cette fourmilière agitée, Gene-
viève reconnut soudain l’ouvrière fleuriste
aperçue, deux soirs auparavant, dans la loge de
la concierge. Rose, debout à un coin de rue,
promenait sur la foule un regard inquiet. Il
s’arrêta par hasard sur Geneviève.
N’avez-vous pas rencontré ma sœur ?
demanda-t-elle.
Geneviève ne la connaissait pas et le dit.
C’est vrai, j’oubliais que vous êtes une
voisine toute nouvelle.
Et le regard bleu trop brillant se fit aigu
pour découvrir dans ce flot de têtes celle qu’il
cherchait. Par politesse, ou pour faire diver-
sion à son inquiétude, Rose ajouta cependant :
Vous venez de prendre de l’ouvrage.
Êtes-vous contente ?
-
vais.
Non !
Vous faites de la confection. C’est mau-
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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE