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changer la conversation, lorsqu’elle la vit
fendre la foule et se diriger d’un pas rapide
vers une gamine de quatorze à quinze ans qui
s’avançait nonchalante, l’œil noir déjà provo-
cant, sous un turban minuscule d’où s’échap-
paient les ondes magnifiques de sa chevelure
rousse. Un homme de quarante ans se retourna
pour la voir passer, tandis qu’elle envoyait un
sourire à un saute-ruisseau qui la reluquait. A
la vue de Rose sa jolie figure se renfrogna et
Geneviève devina le désaccord des deux sœurs.
Madame Renaud qui avait suivi cette petite
scène dit en haussant les épaules :
Allons-nous-en, elles vont encore se dis-
puter. Ah ! elle n’est pas commode la mâtine,
et Rose n’arrive pas à la faire obéir.
-Elles n’ont plus de parents ?
Non. Le père est mort voici deux ans ; un
brave homme, ma foi ! La mère on ne sait où
elle est. Elles habitent seules. Rose est une excel-
lente ouvrière et une fille sérieuse. Quant à Mar-
celle, elle a voulu apprendre la mode ! et autre
chose avec ! Ah ! la pauvre Rose a du souci !
Puis changeant de sujet :
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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE