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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/145

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

140 repos dans un sommeil hanté par le cauchemar de finir le lendemain les neuf autres corsages dont la livraison lui avait été imposée dans un délai de deux jours. Oh ! elle arriverait ; sa volonté du moins restait entière. Si, aux heures où elle pédalait avec frénésie, ses yeux avaient pu percer les cloisons de la vieille demeure, elle eût aperçu d’autres femmes encore qui prolongeaient, malgré la cherté du pétrole, une veille peu fructueuse. Au-dessous d’elle, madame Renaud qui avait couché ses deux garçons, cousait des agrafes, arrêtait ses points, faisait, en un mot, après le souper, toutes les finitions à la main que comporte un corsage confectionné. Assise à côté d’elle, dans la salle à manger proprette, sa fille aînée, qui n’avait guère plus de douze ans, l’aidait dans ces travaux faciles. Le père Renaud fumait sa pipe après une rude journée. A dix heures chacun s’irait coucher. Certes le gain de la mère n’était pas gros, mais grâce à lui un peu d’aisance entrait dans le ménage, et. madame Renaud n’eût jamais pensé qu’elle fit