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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/150

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE
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Mais Rose, d’un ton sec : Je te défends de sortir. D’ailleurs, la porte est fermée. 1 Ah ! Boudeuse, avec des mouvements de chatte craintive, Marcelle regagna sa place et conti- nua sa forme. Rose reprit la fleur inachevée qui tremblait entre ses doigts, et le silence, lourd de ran- cunes, enveloppa leur veille. Au premier étage, Clémence ne travaillait pas. Elle venait de rentrer à neuf heures et demie, après avoir cousu onze heures, dont huit heures de suite, dans un atelier surchauffé. De ces séances qu’autorisent les lois, elle ren- trait anéantie, la tête et la poitrine conges- tionnées. Ce soir, elle avait à peine touché au repas que sa mère lui avait préparé. Elle venait de prendre un peu de bouillon mélangé d’un jaune d’œuf, et elle restait à demi étendue sur un fauteuil d’osier dans la salle à manger où reluisaient les vieilles chaises. Sa mère cousait à côté d’elle un burnous d’enfant fait d’un tissu épais et doux où son 9