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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/155

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

150 Après Noël, le chômage viendra. Maman, que peut devenir une jeune femme qui gagne trois francs cinquante, huit mois sur douze ? - Mon burnous est terminé, dit madame Mathieu en soupirant. Je vais le porter à la vieille Hardouin. Dans l’escalier sombre, elle s’en alla de son pas menu de petite vieille économe et légère. Elle vit la raie lumineuse sous la porte de Rose et entendit la marche trépidante de la machine de Geneviève. Elle frappa deux coups à la porte qui faisait vis-à-vis à celle des Morin et pénétra dans le réduit misérable où une femme beaucoup plus âgée qu’elle, ratatinée et toute ridée, cousait un burnous de neige à la lumière d’une lampe à réflecteur.. - Allons, voisine, couchez-vous : voici vos deux burnous. La vieille Hardouin leva ses yeux brûlés par les veilles de soixante années. - Me coucher ? Ah ! si ça pouvait être pour ne plus me réveiller ! Il est dur le réveil du matin quand les os font mal, qu’il fait froid et qu’il faut encore s’en aller pour essuyer les