Aller au contenu

Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/159

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
154
LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

154 terme, entamer sa petite réserve. Il ne lui restait plus que dix francs sur son livret de caisse d’épargne, et elle prévoyait que bientôt. elle irait les retirer car, hélas ! la morte-saison avait commencé et, depuis deux semaines, elle n’avait touché que dix et douze francs chaque samedi. Hier elle avait quitté, les mains vides, la maison où elle ne rapportait que cinq corsages. En serait-il de même aujourd’hui ? Le souci d’une telle épreuve creusait sur son front blanc, au-dessus du sourcil droit, une ride verticale pénible à voir dans son jeune visage pâli et maigri depuis trois mois ! Cepen- dant, elle avisa au coin d’une rue une petite marchande qui vendait du mimosa, et choisit une branche épanouie, avec une rose thé fleurie là-bas au bord du golfe bleu. Sans regret elle tira de son porte-monnaie qui con- tenait encore un franc vingt-cinq les huit sous qu’on lui demandait. Peut-être les jolies fleurs dorées lui concilieraient-elles la bienveillance de mademoiselle Marthe si capricieuse. On ne sait jamais quel accueil vous fera la première ? A-t-elle des favorites ? Geneviève ne le saurait