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dire ; la faveur de mademoiselle Marthe est
chose variable ; cela, Geneviève le sait, et aujour
d’hui elle éprouve un si cruel désir que
cette dispensatrice d’un travail dur veuille
bien exploiter sa jeunesse et son dévouement.
maternel ! Nénette encore n’a manqué de rien ;
mais les bottines de sa mère auraient grand
besoin d’un ressemelage. Elle marche mal sur
des talons éculés et elle sent le froid de la
boue imbiber les semelles trouées, et mouiller
ses bas ! Ce n’est pas convenable d’avoir des
chaussures qui pompent ainsi l’eau de la rue et
laissent des traces sur les parquets. A plusieurs
reprises, elle frotte ses pieds boueux au
paillasson d’entrée et, le cœur angoissé, sa
gerbe d’or à la main, telle une suppliante, elle
pénètre dans la grande pièce où les manne-
quins noirs se dressent comme les gardes
sinistres d’une mystérieuse puissance.
La salle est presque déserte. Deux ou trois
employées assises derrière des tables de bois,
noires aussi, sont désœuvrées et mademoiselle
Marthe cause avec ses subordonnées.
Enfin, elle se décide à apercevoir Geneviève.
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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE