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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/160

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE


155 dire ; la faveur de mademoiselle Marthe est chose variable ; cela, Geneviève le sait, et aujour d’hui elle éprouve un si cruel désir que cette dispensatrice d’un travail dur veuille bien exploiter sa jeunesse et son dévouement. maternel ! Nénette encore n’a manqué de rien ; mais les bottines de sa mère auraient grand besoin d’un ressemelage. Elle marche mal sur des talons éculés et elle sent le froid de la boue imbiber les semelles trouées, et mouiller ses bas ! Ce n’est pas convenable d’avoir des chaussures qui pompent ainsi l’eau de la rue et laissent des traces sur les parquets. A plusieurs reprises, elle frotte ses pieds boueux au paillasson d’entrée et, le cœur angoissé, sa gerbe d’or à la main, telle une suppliante, elle pénètre dans la grande pièce où les manne- quins noirs se dressent comme les gardes sinistres d’une mystérieuse puissance. La salle est presque déserte. Deux ou trois employées assises derrière des tables de bois, noires aussi, sont désœuvrées et mademoiselle Marthe cause avec ses subordonnées. Enfin, elle se décide à apercevoir Geneviève.