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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/171

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

donné le courage de reprendre l’aiguille jusqu’à minuit. C’était de bien braves gens ! Mais comme elle l’avait dit au vieux, c’eût été plutôt son office de faire la soupe pour eux que de rester tranquille sur une chaise à le regarder la préparer. Oui, cette heure-là lui avait été douce ! C’était la première halte qu’elle eût connue depuis son entrée dans la maison. Peut-être sa chance allait-elle tourner ?

D’un pas lassé, mais avec un peu de joie au fond de ses yeux meurtris, elle monta à l’atelier de lingerie. Anxieuse, devant le comptoir chargé de piles de linge blanc, elle déplia ses chemises. La première les examina sur toutes leurs coutures, puis laissa tomber :

— C’est bon ! Vous pouvez revenir lundi, on vous en donnera d’autres.

Elle détacha une feuille de son carnet à souche et la tendit à Geneviève.

Celle-ci s’armait de courage pour demander une augmentation lorsqu’elle jeta les yeux sur le papier qu’on venait de lui remettre.

Elle sentit son cœur s’arrêter. Ne venait-elle pas de lire :