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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/172

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

6 chemises à 0,65 = 3 fr. 90

— Vous vous trompez, madame, s’écria-t-elle. C’est un franc cinquante par chemise !

— Un franc cinquante ! Faut pas vous gêner. Montrez-moi votre fiche ?

— Vous ne m’avez pas remis de fiche, madame.

La première feuilleta un autre carnet.

— En effet ; mais le prix convenu était de soixante-cinq centimes. Je n’ai jamais donné plus pour ces chemises.

— Soixante-cinq centimes ! Croyez-vous donc que j’aurais accepté ? J’aurais travaillé quatre jours pour gagner trois francs quatre-vingt-dix centimes. Non, tout de même !

— Si vous êtes lente, ce n’est pas ma faute. Et puis, c’est trois francs quatre-vingt-dix ou rien du tout.

Geneviève laissa échapper un cri d’épouvante. Elle regarda autour d’elle. Les manutentionnaires, les yeux baissés mesuraient des mètres de nansouk ou empilaient en hâte les chemises et les jupons. Elle ne rencontra que le regard noir et glacé de la première. Elle se