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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/174

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

comme un murmure approbateur au moment où elle franchit la porte.

Lorsqu’elle arriva au bas de l’escalier, elle dut s’arrêter. La cour vacillait devant ses yeux. Elle n’entendait plus que les coups de son cœur affolé. Elle s’appuya contre la rampe et la réflexion lui revint.

« Mon Dieu ! qu’avait-elle fait ? Et la machine à payer ! Doit-elle remonter, courber la tête, tendre la main à ce salaire dérisoire ? Sa volonté fléchit. Hélas ! elle ne peut plus avoir d’orgueil. »

— Eh bien ! madame Geneviève, qu’avez-vous donc ?

C’est Morin qui est venu se laver les mains dans la cour, peut-être pour causer un moment avec sa voisine à la sortie de l’atelier, et qui ajoute, la voix changée : « On dirait que vous êtes malade ? »

Alors elle dit l’histoire atroce.

— C’est dix-sept sous par chemise qu’on veut me voler. Mais j’ai eu tort, je crois de refuser. Il me faut les trois francs de la machine ce soir. Je vais remonter, n’est-ce pas ?