Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
170
LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

— Vous allez vous en retourner chez vous avec vos chemises ; c’est une rude chance que vous ayez eu l’idée de les garder. Vous ne les vendrez pas, car elles ne sont pas à vous. Vous les garderez et demain vous irez aux prud’hommes pour obtenir justice.

— Les prud’hommes, qu’est-ce que c’est que ça ?

— C’est un tribunal pour les ouvriers et pour les ouvrières. On vous fera rendre votre dû, je vous l’affirme. Ne craignez rien ; vous avez fait exactement ce qu’il fallait faire ; vous n’avez qu’à continuer. Et quant aux trois francs de votre machine, ne vous tourmentez pas ; je gagne huit francs par jour et je vous avancerai ce qu’il-vous faudra. Vous me les rendrez si cela vous fait plaisir. Ah ! les gredins ! Oh ! c’est du sale monde ce Petit Lyonnais. Un tas de brigands qui exploitent la misère des femmes ! N’y remettez plus les pieds.

Les yeux fixés sur le visage de Morin, Geneviève renaissait à l’espoir.

— Oh ! monsieur Morin, comme vous êtes bon ! Tout à l’heure, c’était affreux, je me