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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/190

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

Calmée, elle rejoignit Morin qui l’attendait près de la porte, les pommettes rouges, les yeux contents.

— Allons, ça va bien ? interrogea-t-il affectueusement.

Oui, c’était bon de penser qu’elle pourrait cesser d’aller les pieds quasiment nus et que pour une fois, elle n’avait pas été la plus faible !

— C’est à vous que je dois ce bonheur-là, répondit-elle, ne sachant trop si elle parlait de la satisfaction d’avoir touché ce maigre salaire, ou du sentiment de fierté nouvelle qui ranimait son cœur.

— Venez, dit-il.

Et il passa son bras sous le sien tandis que les voisins s’écartaient avec des sourires qui, soudain, gênèrent la jeune femme.

Ils se retrouvèrent sous les colonnades où s’ouvrent les autres salles d’audience, et celles du secrétariat. Des groupes s’étaient formés à l’entrée des chambres où l’on discutait avec animation. Geneviève vit avec bienveillance ces lieux où elle venait de remporter la première victoire de sa vie ; une sorte de regret lui vint