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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/192

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

quittait plus des yeux un groupe d’hommes qui causaient, et, dans ce groupe, un solide gaillard adossé contre un pilier. Le paletot ouvert sur la cravate rouge, la cigarette à la lèvre, il pérorait avec autorité.

Elle n’entendit pas la question de Morin ; un cri lui échappa, cri de colère et de douleur :

— Ah ! misérable ; je te retrouve enfin ! Tiens, regarde ta fille !

Et hors d’elle, le visage convulsé par une émotion terrible, Geneviève poussa jusque devant Bernard, Nénette stupéfaite.

Les conversations s’étaient tues ; tous les regards se fixèrent sur l’homme, soudain pâle, sur la femme qui prononçait maintenant des paroles entrecoupées.

— Oui, ta fille ! Ah ! tu ne la connais pas ? Mais moi, tu me reconnais, dis ? Ah ! j’ai changé, bien sûr ; oui, j’en ai eu de la misère depuis que tu t’es lâchement sauvé. Eh bien ! me voilà à Paris, moi aussi ! Je t’y ai cherché assez longtemps d’abord. Mais je ne pensais guère à toi aujourd’hui ! Sais-tu pourquoi je