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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/193

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

suis ici ? Parce que je gagne le pain de ma fille, de ta fille, à faire des chemises à trois sous l’heure. Oui, ta fille, ta fille misérable !

Mais Bernard, un instant démonté sous ce flot d’invectives, fit face et, grossier, il lâcha :

— La paix ! On n’a jamais eu d’enfant ensemble, chanteuse !

— Chanteuse !

À ce moment le garde qui se tient à la porte du Secrétariat s’avança, et mit la main sur l’épaule de Geneviève.

— Allez-vous vous taire ? Ce n’est pas ici un lieu pour faire du scandale ! circulez.

Mais elle cria plus fort :

— Cet homme-là, c’est le père de mon enfant, et il nous laisse crever la faim toutes les deux !

— Le père ? C’est elle qui le dit. S’il fallait avoir un gosse avec toutes les femmes avec qui on a couché !

— Avec toutes les femmes avec qui… oh !

Elle recula sous l’insulte, cinglée par les ricanements que les hommes présents laissaient échapper, doucement emmenée par le garde.