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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/199

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

ouvrir toute sa vie et tout son cœur. Lentement avec des paroles malhabiles, se remémorant, l’un après l’autre, les événements de sa vie d’orpheline et de servante, elle lui dit ses rêves d’enfant, son affection pour Marguerite, la fascination exercée par Bernard, la colère inexplicable de madame Varenne, son renvoi, ses premières luttes à Paris, la maladie de Nénette et la brusque résolution d’arracher sa fille à la mort qui faisait d’elle une ouvrière à domicile. Elle ajouta :

— La vie est bien dure, mais si je puis arriver à gagner notre pain, je garderai ma petite avec moi. J’ai trop souffert de n’avoir pas de famille. Bien sûr je ne me serais pas sauvée comme ça avec Bernard si j’avais eu une mère.

Après un temps, elle dit encore :

— Ce que je n’ai jamais pu comprendre par exemple, c’est pourquoi madame Varenne avait été si méchante.

Il hocha la tête, plus ému qu’il n’osait le laisser paraître. Cette Geneviève ne ressemblait pas aux autres femmes ! Il y avait un mystère en elle. Même aujourd’hui, dans ses souliers