Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/21

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
16
LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

16

et changeant. Son allure révélait la belle santé d’un organisme que les soucis ni les chagrins n’avaient affaibli. Henri Varenne était un homme heureux. Depuis dix-huit ans qu’il s’était marié dans sa ville natale, la vie lui avait souri. Il ne lui avait point d’ailleurs demandé de réaliser de grands rêves. Depuis douze ans qu’après un stage en Bretagne, il était revenu à Caen, en qualité de conseiller de préfecture, il avait su borner ses ambitions à ce poste modeste. La petite fortune que ses parents lui avaient amassée dans la quincail- lerie suffisait à ses besoins et lui permettait même quelques économies. L’amour de sa femme ne l’avait point déçu, et deux enfants lui étaient nés qui ne lui avaient jamais causé d’autres soucis que ceux de leurs petites maladies ou d’une mauvaise note en classe ; bref il ne souhaitait point à son fils une exis- tence plus douce que n’avait été la sienne. Peut-être n’avait-il pas toujours été aussi modéré dans ses goûts. Il se souvenait encore d’élans juvéniles vers le mystérieux avenir qui troublèrent sa jeunesse. En ce temps-là il