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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/212

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

doigts tremblants laissaient dévier l’étoffe sous l’aiguille.

— Là, c’est dit. Vous n’êtes pas fâchée ? Voici ce que j’ai pensé depuis qu’on ne se cause plus. Grand-père est vieux, mais il est très bon. Après tout, ce n’est pas son métier de me faire. la soupe. Il aime votre petite et moi aussi, je l’aime. Alors puisqu’elle n’a pas de père, puisqu’elle n’en aura jamais… enfin vous comprenez, si je ne vous déplais pas… Je gagne huit francs par jour. Vous pourriez continuer à travailler, pas autant qu’aujourd’hui, mais un peu tout de même, et nous pourrions vivre tous les quatre. J’ai vingt-six ans ; je ne suis pas coureur, et vous, vous ne ressemblez pas aux autres femmes. J’avais juré que je ne me marierais jamais parce que la première femme que j’ai eue après le régiment m’avait trop fait souffrir ; mais je ne veux pas qu’on dise de vous que vous allez avec l’un et avec l’autre, et alors si vous voulez, on se marierait… on serait heureux… si vous voulez.

Il répéta ces trois petits mots avec une ferveur humble qui la remua toute.