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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/213

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

Elle avait arrêté sa pédale, et demeurait silencieuse, le coude appuyé sur la table, la tête dans sa main, regardant vaguement sans les voir, par la fenêtre ouverte, la multitude des cheminées dressées sur les toits, l’âme emplie d’une émotion douce, comme si les senteurs des prairies lointaines eussent franchi les faubourgs et les villes pour venir embaumer son cœur.

— Oh ! comme vous êtes bon, si bon ! fit-elle tout bas. Mais quelle lourde charge vous allez prendre ?

— Dites-vous ça pour me refuser ?

Confuse, elle murmura :

— Oh ! non ! C’est à vous que je songeais.

— Alors… il se pencha vers elle, la bouche frémissante, les mains tendues… alors, c’est oui ?

Lentement elle ferma les yeux pour un acquiescement définitif.

Et lorsqu’il la quitta, malgré la misère qui guettait à leur porte, malgré la pauvreté du cadre offert à leur amour, malgré la laideur ambiante et le ciel caché par les toits hideux, mai chantait dans leurs cœurs blessés, mais