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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/216

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

lutté. Si elle évoquait le passé, une figure se dégageait qui s’inclinait doucement vers elle et lui disait les seuls mots de tendresse qu’elle eût entendus avant son mariage. Le lien mystérieux qui l’unissait à Marguerite ne s’était pas rompu durant l’horrible traversée ; elle eût éprouvé un grand bonheur à la revoir. Un jour qu’elle avait, solitaire, longuement songé aux jours écoulés, elle se décida à lui écrire pour lui annoncer son mariage. Celui-ci n’avait-il pas lavé la faute ancienne ? Elle et sa fille n’étaient plus deux abandonnées que la charité seule pouvait accueillir. Maintenant qu’elle n’apparaîtrait plus en mendiante, Geneviève pouvait se montrer. Aussi lorsque Morin rentra le soir elle lui tendit la lettre qu’elle venait d’écrire et l’entretint encore de la jeune maîtresse lointaine qui lui avait été secourable et bonne. Emportée par ses souvenirs, elle se mit à décrire les beaux cheveux ondés, le teint éclatant, les yeux d’or foncé de celle dont l’image demeurait vivante en sa mémoire, mais elle s’arrêta stupéfaite d’entendre son mari l’interrompre en disant :