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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/219

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

ferait bon respirer la brise marine et courir sur les falaises escarpées ! Et secouant la torpeur de cette journée, la jeune étudiante se mit en devoir de sortir de son armoire le linge et les robes qu’elle emporterait.

Parmi celles-ci, un costume neuf de toile grise indiquait que le deuil de Marguerite s’atténuait un peu. Le grand chagrin éprouvé à la mort de son père et l’année d’études intensives qu’elle avait passée expliquaient suffisamment l’altération de ses traits. Ils s’étaient amenuisés dans l’ovale plus blanc où les yeux brillaient d’une flamme trop vive. La peine, sur ce délicat visage, avait laissé son empreinte. Marguerite savait qu’elle n’oublierait jamais les jours qui suivirent le retour de son père et qui lui révélèrent la plus cruelle des leçons de la vie : l’inefficacité de l’effort tardif pour réparer l’irréparable. Non, elle n’était plus semblable aux autres jeunes filles, celle, à qui les injustices humaines venait de se révéler si douloureusement ! Le désir de soulager la souffrance, le besoin de s’arracher à la mesquinerie de l’existence ambiante qui diminua le sens