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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/221

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

qualités dont son père lui avait transmis le germe, et qu’avec une inconséquence étrange, elle détestait chez sa fille les mêmes tendances qui l’attachèrent à l’être séduisant, mais faible, qu’avait été son mari. D’ailleurs, entre la mère et la fille subsistait le blâme inavoué, le reproche jamais proféré qui montait sourdement de la conscience de l’une à la sensibilité de l’autre pour la révolter. Le secret désir de Marguerite de retrouver un jour la sœur perdue, exaspérait madame Varenne. Elle haïssait aujourd’hui le souvenir de l’orpheline dont la présence imprévue désagrégea son bonheur, et lui volait, croyait-elle, jusqu’au cœur de sa propre fille.

Marguerite hâtait cet après-midi les préparatifs de son départ. La fuite du train qui l’emporterait vers la Bretagne désirée et nouvelle chasserait la contrainte qui pesait sur elle à chaque heure de la journée. Elle irait seule et libre, et peut-être, là-bas, le ravissement des spectacles inconnus, le délice d’aspirer la senteur salée des grandes vagues lui apporteraient-ils l’oubli momentané des peines qui, depuis