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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/223

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

Elle choisit deux romans à thèse, dernièrement parus, un petit livre de sociologie qui contenait des renseignements nouveaux sur les salaires et les métiers féminins. Elle l’avait parcouru déjà, mais voulait le relire pour contenter son souci de connaître les ouvrières que les excès de travail conduisent aux hôpitaux où elle entrerait demain. Elle se souvenait vaguement que l’auteur du livre indiquait à la fin quelques remèdes capables de diminuer la misère des femmes qui usent leurs forces pour un gain qui suffit à les préserver de la mort rapide, mais qui est insuffisant pour leur permettre d’éviter la mort lente. Ces remèdes émanaient des lois ou de l’initiative individuelle ; parmi ces derniers, elle croyait se rappeler qu’il était question d’un magasin coopératif où les salaires de famine étaient abolis, et qui occupait déjà un certain nombre d’ouvrières. Un désir étrange lui venait de relire la petite brochure mince et maniable où l’on n’avait recueilli que la moelle des faits et des idées pour s’en pénétrer, comme si elle eût obéi à un mystérieux appel où sa conscience obtuse