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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/225

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

point mal cousues d’ailleurs, bien qu’à la longueur des points, on pût deviner la hâte de l’ouvrière. Marguerite murmura : « Je voudrais bien connaître le salaire que cette femme inconnue, dont je vais utiliser l’habileté, a reçu pour son travail ? Peut-être que le petit livre me le dira ? Ou qui sait ? Peut-être vont-elles me le dire elles-mêmes ? » Et la jeune fille fronce les sourcils et se livre à un calcul approximatif du prix de l’étoffe et de la dentelle… mais, non, elle s’embrouille, elle a dû se tromper ! il ressort de ses calculs que le prix des matériaux atteint plus de la moitié du prix de vente. Que reste-t-il alors pour le salaire de l’ouvrière et pour le bénéfice du grand magasin ? Deux francs à peine. C’est impossible. D’ailleurs, elle n’a que des notions très vagues sur le coût des nansouks et des dentelles. Cependant, voilà une chemise qui n’a pas dû rapporter gros à celle qui l’a cousue. Le front blanc s’obscurcit, les sourcils se contractent ; puis Marguerite pose l’objet et soupire. À vouloir connaître la réalité, on se meurtrit le cœur. Mais c’est étrange comme ces chemises neuves