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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/226

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

ont un air de « déjà vu ». Marguerite les reprend, les examine encore. Oui, elles ressemblent à d’autres qu’elle a portées récemment. D’une main curieuse elle fouille dans son armoire : ces chemises, trop étroites aujourd’hui pour l’ampleur de son buste et dont Geneviève, elle s’en souvient, copia trois fois le modèle, sont presque identiques à celles achetées au grand magasin. La forme est la même, à part deux ou trois changements insignifiants ; une même dentelle les orne, ou plutôt une dentelle du même genre, car celle posée par la petite femme de chambre est d’un dessin plus riche et d’un meilleur usage. On dirait vraiment que la même main fit les unes et les autres. Cependant, les anciennes sont cousues avec un soin plus grand ; les points sont plus petits : les doigts qui travaillèrent cette toile plus fine n’étaient pas harcelés par le souci d’avoir fini vite. Toutefois le travail hâtif et coulé des nouvelles n’est pas celui d’une ouvrière inexpérimentée. Oh ! que cette comparaison est étrange ! Et voilà qu’aiguillonnée par le désir qui la tourmente,