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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/232

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

— Monsieur va vous recevoir, et gentiment encore.

Émues plus qu’elles ne voulaient le laisser paraître, les deux ouvrières pénétrèrent dans le petit local que la rotondité de Heim semblait emplir.

Il posa sa plume et fixa ses yeux durs sur Geneviève qui expliqua leur refus. Elle termina en disant : « à dix-huit sous, ça ne fait tout de même que du cinq sous l’heure. On ne peut pas travailler à moins. »

— Pour sûr, opina madame Renaud.

Heim alors éclata :

— En voilà des dégoûtées ! Faudrait peut-être les payer vingt sous de l’heure ces dames ! Vous voulez me ruiner hein ? Vous voulez me mettre sur la paille ! Vous croyez que je puis vous donner vingt sous de l’heure avec un loyer de douze mille francs sur le dos ! Et quand vous m’aurez ruiné, vous tirerez la langue, vous autres, cependant ! Vous serez bien avancées quand vous m’aurez égorgé, imbéciles que vous êtes ! À dix-huit sous le corsage, je mange de l’argent, entendez-vous ?