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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/233

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

Je vais retirer le modèle, voilà tout. Voulez- vous le prendre à seize sous ?

— Non monsieur, répondit Geneviève, qui sentait la colère la gagner. Nous ne pouvons pas vendre notre travail et notre santé pour rien, nous non plus ; nous ne le ferons pas à moins de dix-huit sous.

— Ah ! coquine ! tu ne le feras pas à moins. Et tu me dis ça tranquillement. Ma parole, il y a de quoi fermer boutique d’avoir affaire à de pareilles diablesses !

_ — Ça vaut dix-huit sous, intervint la mère Renaud, qui eut peur que Geneviève ne jetât à la figure du personnage le paquet qu’elle tenait encore à la main.

— Hein ! vous savez que j’ai une commande ? Vous vous êtes donné le mot. Eh bien ! faites- moi suer tout l’argent que vous pourrez ; quand la poule aux œufs d’or sera crevée, vous vous mordrez les doigts ! Allez, on se retrouvera.

— Voyons, monsieur, faut pas vous mettre dans cet état, continua placidement madame Renaud, habituée aux colères de son homme. Vous savez bien que nous sommes de bonnes