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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/236

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

attrapée ! Il dit qu’il faut se soutenir entre pauvres ; il a raison.

Elles se quittèrent réconciliées définitivement, et heureuses de cette petite victoire due à leur bonne entente.

Geneviève, deux jours plus tard, raconta l’incident à Clémence qui témoigna une grande joie de la résistance de ses voisines. Vainement à l’atelier elle essayait de gagner quelques-unes de ses camarades à ses idées d’entraide féminine. La plupart ne l’écoutaient guère. Elles employaient l’activité de leurs jeunes cerveaux à combiner des toilettes brillantes et peu coûteuses : et comme malgré leur ingéniosité, celles-ci dépassaient les étroites limites de leur budget, elles se trouvaient prêtes à accueillir l’ami dont la générosité contenterait leur désir de ce luxe que leurs doigts habiles créaient tous les jours pour les femmes riches. Se grouper pour obtenir de meilleurs salaires, chimère lointaine, dont la réalisation les touchait peu ! Comment se seraient-elles souciées de satisfactions promises à leurs cheveux gris et à leurs yeux fatigués !