Aller au contenu

Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
233
LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

mauvaise chaise de paille, l’aiguille serrée entre ses doigts de glace ; sur ses genoux traînait le manteau qu’un bébé inconnu porterait le lendemain. Elle n’avait plus que des loques sur elle, Geneviève donna un drap neuf pour l’ensevelir. Rose, Clémence et sa mère suivirent avec elle le mauvais cercueil de sapin jusqu’au trou macabre où la pauvresse fut jetée à côté des misérables, morts comme elle de privations après un incessant labeur.

Cependant les premiers bourgeons pointaient aux branches et sur les tombes riches les lilas embaumaient.

Ce fut peu de temps après cette lugubre journée que Geneviève dut interrompre son travail de couture à la machine, car elle était enceinte. Elle obtint un peu de lingerie du magasin Heim, et connut de nouveau les salaires de deux et trois sous l’heure. Son mari qui craignait pour elle un accident, exigea qu’elle s’en contentât, à moins, lui disait-il, que tu ne préfères te reposer tout à fait, et il parlait, s’il la voyait pâlir sur les petits plis et les jours, de jeter tous ces chiffons