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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/239

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

par la fenêtre. Mais Geneviève ne l’écouta pas ; elle cousait assidûment lorsqu’il était à l’atelier, car elle redoutait les mois d’été qui seraient pour chacun d’eux des mois de chômage et de repos forcé.

Cependant, ils avaient fait quelques économies à force d’être travailleurs et sobres.

Un jour de la fin d’avril qu’elle travaillait à sa fenêtre ouverte, elle s’étonna de sentir l’aiguille lourde à ses doigts. Elle s’arrêta et promena sur les toits où courait un chat pelé, un regard que des larmes subites voilèrent. Où étaient les beaux vergers fleuris de son enfance, et les prairies diaprées de blanc et d’or ! Quelle étrange nostalgie la prend ! Elle ferme les yeux pour ne plus voir les murs lépreux et les hardes sordides accrochées à des cordes usées… elle est une petite fille qui joue auprès des vaches familières au bord du ruisseau où se réflètent les myosotis. Elle rêve… le vent léger qui s’est parfumé sur l’aubépine blanche, a caressé son front… et voilà que plus douce que la caresse du vent, plus suave que les fleurs, une figure s’ébauche dans la jolie tête songeuse :