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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/243

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

teinte cendrée qu’on dirait obtenue par une poudre impondérable ; ses yeux brillent d’un éclat trop vif et s’agrandissent d’un large cerne bleu. Elle pédale, et, du coin de l’œil surveille un berceau d’osier où sommeille un tout petit être à la figure plissée, aux doigts menus comme des brins de paille qui pendent hors de la brassière de piqué. Nénette, assise sur un tabouret, très sage, regarde la petite sœur et se demande si elle va crier.

Paulette est née avant terme, elle est chétive et douloureuse ; elle est la fille d’une mère surmenée qui, durant ces mois accablants de l’été, porta en sus de son propre fardeau, le souci du chômage de son homme, à l’époque où son aiguille devenait inactive entre ses mains. Enfin ces jours mauvais sont finis. Fini le séjour à la Maternité où l’hémorragie faillit emporter Geneviève. Elle est de retour chez elle depuis une quinzaine : son mari est à l’atelier toute la journée de nouveau : les économies sont parties, mais peut-être la chance va-t-elle revenir, puisque chacun ici ne demande qu’à travailler. Le grand-père prendra