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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/245

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

l’heure ! Elle va prendre sur l’évier une bouteille de lait, lave le biberon, fait le dosage d’eau, introduit dans la bouche lamentable le breuvage attendu, et dans l’exercice de la déglutition Paulette recouvre la sérénité. Mais sa mère n’a pas le loisir de rester là debout à la nourrir. Elle appelle Nénette et lui confie le soin de faire boire la petite sœur.

Nénette grave, monte sur un tabouret, elle penche la moitié de son petit corps au-dessus du berceau, tandis que sa main débile soutient le biberon que Paulette pourra téter à son aise. Paulette tète longtemps, et le bras de Nénette est fatigué ; sa main faiblit, la bouteille se dérobe aux lèvres avides qui traduisent aussitôt leur révolte par un cri.

— Eh ! bien, veux-tu faire attention, intervient Geneviève.

Nénette, avec un soupir cette fois, reprend sa tâche maternelle. Elle a bientôt cinq ans, elle est une grande fille ; elle n’a plus le droit d’être choyée ; son œil, sévère maintenant, suit la baisse du liquide blanc dans la bouteille. « Est-ce que cette Paulette ne pourrait pas boire plus