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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/246

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

vite ? » Sa main mignonne penche le biberon. « Voyons, petite sœur, dépêche-toi. »

Mais le poupon s’étouffe, il tousse, il pleure, rejette le lait qu’on lui veut ingurgiter de force.

La mère alors s’est levée. Elle essuie la figure de Paulette, enlève le biberon des mains de l’ainée, lui donne une tape et lui dit :

— Va t’asseoir, petite maladroite.

Nénette retourne à sa petite chaise, pleure de l’humiliation ressentie autant que de la tape reçue, et contemple avec colère celle dont la venue lui fait connaître la servitude.

— Le grand-père est bien long aujourd’hui à faire les commissions, murmure Geneviève.

Elle songe qu’elle devra cuire la soupe et terminer deux corsages avant le dîner. Son front s’est plissé.

— Cesse de pleurer, commande-t-elle durement à sa fille. Tu vas éplucher les légumes.

Par la fenêtre ouverte des souffles chauds soulèvent la poussière immonde de ce puits peuplé de détritus qui s’appelle une cour. Le coin de ciel que les maisons laissent entre-