Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246
LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

son mari pourrait reprendre son travail et où ils remonteraient ensemble la côte au bas de laquelle la maladie les avait culbutés. Elle n’eut pas à se plaindre de son magasin. La première appréciait son travail et son honnêteté, et même, durant les jours de la fin de décembre où la morte-saison étend son linceul sur la vie des ouvrières, le travail ne manqua guère. « Il faut que ce soit vous » lui dit madame Charles au lendemain de Noël, en lui remettant un paquet de corsages. Heim qui, du seuil de son bureau, regardait l’ouvrière nouer sa toilette noire, fit un demi-tour et passa auprès d’elle, derrière le comptoir. « Hé, fit-il, en lui pinçant le bras, il est gentil le patron ! » Sa lippe barbue frôla presque la joue pâle de Geneviève qui eut un involontaire recul ; elle répondit, cependant, avec un sourire : « Oui, monsieur Heim, je vous suis bien reconnaissante. »

« Allons, allons, on verra ça », rigola le gros homme, dont la main s’égara cette fois sur la hanche de la jeune femme. Puis il rentra chez lui en murmurant quelque obscénité sur sa maigreur !