Aller au contenu

Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
247
LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

Depuis ce jour, Geneviève essaya de l’éviter et rapporta son ouvrage aux heures où il lui arrivait d’être absent, ce qui lui valut des observations de la première.

Malgré ces ennuis, elle s’estimait heureuse de ne pas chômer à une époque où les trois quarts des ouvrières se trouvent sans travail.

Cependant, le terme approchait et il lui avait été impossible de mettre de côté la plus petite somme pour payer les soixante francs qu’elle devait au propriétaire. Elle apprit qu’il consentirait à les garder s’il recevait la moitié de son dû. Elle se décida alors à vendre l’armoire à glace dont elle était si fière, et en tira la somme nécessaire, plus un petit reliquat qui servit à faire prendre patience au boulanger dont la dette avait grossi.

— Allons, emportez-la, dit-elle au brocanteur qu’elle avait été chercher.

Et sans une larme, elle se mit à vider les rayons, posant sur la table et sur les chaises les objets qu’ils contenaient. Nénette, ahurie, regardait faire sa mère, quand soudain, une intuition tragique de leur malheur traversa son