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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

cerveau, et elle courut à l’homme pour le frapper de ses petits poings. Geneviève l’arrêta : et la garda contre elle, toute secouée de sanglots, tandis que le grand-père, tapi dans un coin, les regardait et qu’une pauvre larme de vieux roulait sous ses paupières clignotantes. « Fallait-il vivre si longtemps pour voir ça ! » murmura-t-il, avec un geste accablé. Et sans doute il regardait plus loin que la chambre démeublée, plus loin que la détresse présente, plus loin que l’hôpital où gisait son petit-fils ; vers un avenir d’où l’espoir serait banni, car à partir de cette journée, il alla s’affaiblissant et ses voisins remarquèrent l’expression angoissée qui ne quitta plus son visage ridé.

Vers la fin du mois, Morin alla mieux. Il se levait chaque jour et passait de longs après-midi enfermé dans une salle étroite où il jouait aux cartes avec ses camarades convalescents. Cette existence lui pesa plus que les heures de souffrance, et il désira ardemment rentrer chez lui et reprendre son travail. Il languissait après la tendresse de Geneviève, après l’enfant né de leur amour, après le petit logis accueillant. Le