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Page:Compain - La vie tragique de Geneviève, 1912.pdf/255

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LA VIE TRAGIQUE DE GENEVIÈVE

— Pas du tout ; elle faisait risette à son papa. Laisse-la moi aujourd’hui, puisque demain je rentre à l’atelier.

— Oh ! demain ! mon pauvre homme, prends un peu de patience.

— Demain, répéta-t-il obstinément. Je ne suis pas revenu pour me faire nourrir par ma femme peut-être ! J’ai été malade, mais je suis solide ! Croirais-tu, par hasard, que je sois tuberculeux ? Détrompe-toi, j’ai eu de la bronchite et c’est tout. Me voilà guéri ! Allons femme, souris et embrasse-moi encore ! Je suis si heureux, mais là, si heureux de me retrouver au milieu de vous !

Elle lui sourit comme il le demandait, puis le quitta, soi-disant pour lui faire chauffer du lait, mais en réalité pour essuyer ses larmes, car il lui paraissait plus malade encore qu’à l’hôpital. « Qu’allons-nous devenir maintenant ? » se demanda-t-elle, et elle lut dans le regard du grand-père une détresse égale à la sienne.


Ensemble ils s’enfoncèrent dans une existence de luttes et de douleurs. Morin retourna